En route vers Okhotsk

FREY Eleonore

Depuis qu’il a publiĂ©, sous le pseudo de Mischa Perm, En route vers Okhotsk, Robert n’écrit plus. Otto, le mĂ©decin, rĂȘve de partir trĂšs loin. Sophie, divorcĂ©e et mĂšre de deux enfants, travaille dans la librairie de son oncle. ThĂ©rĂšse, aussi fragile que ses fantasmes, passe son temps Ă  Ă©pier les autres. Les deux jeunes femmes sont amoureuses de Robert. Ils se connaissent tous, sans se connaĂźtre, se croisent dans la rue, au bar du quartier ou Ă  la librairie, le roman de Perm Ă  la main
 la SibĂ©rie en ligne de mire.  Étrange rencontre autour d’un titre, autour d’une destination probablement inexistante, suggĂ©rĂ©e par les bribes de ce  roman dans le roman que le narrateur donne Ă  lire. La librairie est le lieu de cet imaginaire ; le cafĂ© oĂč ils se frĂŽlent, l’autre espace oĂč ces Ă©tonnants Ă©lectrons timides s’attirent et se repoussent, effrayĂ©s Ă  l’idĂ©e d’un geste, d’un mot qui engage, l’incertain seul garantissant une libertĂ© Ă©touffĂ©e par l’étroitesse du quotidien. L’écriture, fluide, traduit ces virevoltes, ces Ă©lans rĂ©primĂ©s dĂšs qu’ils se concrĂ©tisent.  Pour eux comme pour nous, l’évasion passe par la fiction : au bord du rĂ©el. (C.B et A.M.D.)