Marv Pushkin n’est pas un individu sympathique. Imbu de lui-même, odieux avec les autres, il préfère sa Range Rover à sa femme et sa maîtresse. Lors d’un séminaire de chasse en Alaska avec son équipe de publicitaires, il est attaqué par un ours et se retrouve coincé sous sa voiture alors que la bestiole lui mâchouille le pied. Aidé de ses chères pilules, il ne sent même pas la douleur et garde le moral : il va s’en sortir, c’est certain. Le roman débute en plein drame, alors que l’anti-héros se trouve déjà aux prises avec l’ours. Il se raconte dans un monologue digressif, qui greffe sur la description tragi-comique de sa situation des apartés sur des épisodes passés de sa vie, jusqu’à la « blessure originelle » de son enfance, et l’on comprend progressivement comment il en est arrivé là – la malchance n’y est pour rien. Dopé par les pilules et son ego vigoureux, il assène les affirmations avec un cynisme assumé, revendique sa haine de la nature. Irriguée d’une bonne dose d’ironie, cette satire décapante du macho moderne, cadre sup accro aux signes extérieurs de richesse et de réussite sociale, est drôle et prenante, et maintient le suspense jusqu’au bout. (M.D. et M.T.D.)
Au secours ! Un ours est en train de me manger !
HANSEN Mykle