Jenny est une grande soeur attentionnée aux yeux de Joseph (Dans la famille Briard, je demande… Joseph, voir page148), anarchiste empoisonnante pour sa soeur Margot (Dans la famille Briard, je demande… Margot, voir page 145 ). Son portrait, en aînée de la trilogie, révèle une adolescente isolée et secrète déconcertant les adultes dont elle refuse les cadeaux et rejette les priorités vaines. Elle entasse l’argent qu’elle méprise et décide, un jour plus sombre que les autres, de le jeter au fond de l’eau quand, fulgurant comme l’éclair, l’amour la livre pieds et poings liés entre les mains de Stan et de sa bande de révolutionnaires malfaiteurs. On ne sait jusqu’où irait cette jeune Antigone trahie par Stan, si son père ne la tirait, in extremis, de cette folie amoureuse sans issue.
Le temps d’une nuit, Jenny revit son histoire depuis son enfance, ou dialogue avec son père, qui cherche, avec patience et tendresse, à comprendre sa fille. Le lecteur seul entrera dans le psychisme complexe de cette adolescente «à part». Son père accepte ses silences, elle accepte d’avoir été sauvée par lui : cette recherche de communication, où chacun admet de ne pouvoir tout à fait comprendre l’autre, rend le roman vrai et émouvant.