Zéro, le monde.

MARTIN Frédérique

Dur le monde, quand les adultes, comme de grands enfants fragiles et tristes, livrent les amertumes de leur vie à un garçon de treize ans : le conseiller d’orientation effondré par la mise en préretraite, la vieille demoiselle qui pleure l’enfant qu’elle n’a jamais eu, la mère rebutée par les offres de l’ANPE. Sans compter Manu, l’ami tué par un chauffard. Entre exaspération et révolte, criées dans son français argotique, Dominic tente de les aider, avec la tendresse maladroite (justement perçue) des adolescents. Mouchoirs pour le conseiller, visite à l’ancêtre, histoires drôles pour Maman. Quand la jolie Mérédith apparaît à l’horizon de ce pauvre quartier pavillonnaire, la vie commence à prendre sens pour Dominic, au rythme de l’amitié, puis de l’amour partagé. La part si négative d’enfance en chacun, évoquée par l’auteur dans ce court récit, éclaire une citation de Christian Bobin placée en exergue sur l’enfant qui sommeille en tout homme. Le professeur est chaleureux, la mère affectueuse, mais on regrette qu’un adolescent soit choisi comme confident et consolateur des adultes…