Ce Bon Staline.

EROFEEV Victor

Qui est cet « improbable » bon Staline ? Celui qui incarne – encore – l’âme russe, nostalgique, amnésique. Celui dont la figure emblématique a, de 1947 à 1979, inspiré une exemplaire fidélité à un diplomate, le père du narrateur, Victor. Enfant soviétique heureux, celui-ci découvre à Paris les tentations de l’Occident, observe, juge et adhère d’abord à la volonté familiale de sacrifier au mythe indélogeable, puis s’oppose. Écrivain, il fonde, en 1977, avec d’autres dissidents, une revue « underground » qui condamne le totalitarisme. Il « tue » alors son père qui, exclu de ses fonctions, ne reniera ni le fils ni le communisme. Avec lucidité et humour l’auteur déroule la chronique du stalinisme au quotidien inscrit dans le folklore familial et les événements politiques, culturels de l’époque. La Belle de Moscou (NB sup. septembre-octobre 1990) traitait du même sujet. On s’amuse beaucoup. Avec gravité il analyse le rôle libérateur de l’écrivain dans la société et avec une émouvante tendresse il peint ce père qui ne s’encombre pas d’émotions mais affirme son inconditionnelle complicité. Serait-ce une biographie ?