Air de Dylan

À un colloque sur l’Échec en Littérature, un écrivain barcelonais chevronné, mais décidé à jeter l’éponge, rencontre le jeune Vilnius Lancastre qui, comme son père Juan, auteur célèbre récemment décédé, ressemble à l’emblématique Bob Dylan. Il est séduit par le côté poétique du couple que forment Vilnius et Débora, l’ex-maîtresse aux nerfs fragiles de Juan. Voyant dans cette entreprise le miroir de son propre échec, l’écrivain accepte de réécrire l’oeuvre ultime de Juan, des mémoires inachevés, détruits par sa femme. Vilnius, hanté par les pensées de son père, s’interroge sur sa mort. En fait, peu importe les rebondissements complexes : on ne s’y perd pas grâce à la plume magique de Vila-Matas (Dublinesca, NB mai 2010) qui soutient de bout en bout l’intérêt de l’histoire. Peu importe même les personnages dont la figure centrale, Vilnius, peinte avec une subtile ironie, oscille entre ses héros fétiches, l’apathique Oblomov de Gontcharov et l’Hamlet tourmenté de Shakespeare. Tout est dans la richesse et la virtuosité d’un texte bourré de réflexions sur la littérature et la société, illustré par les années Fitzgerald et l’Âge d’Or hollywoodien. Brillantissime !