À l’encre russe

ROSNAY Tatiana de

Nicolas Kolt, dont le premier roman caracole en tête des ventes depuis trois ans, n’écrit plus, se complaisant dans l’adulation de ses fans. Dans un luxueux hôtel italien – le séjour est offert par son éditrice pour relancer son inspiration –, il consulte les réseaux sociaux en se cachant de sa jeune compagne, observe les clients et se remémore le facteur déclenchant de son livre et, par là même, son enfance et le secret de ses origines. La teneur du roman émaillé de bavardages mondains et d’échanges érotiques via Twiter n’atteint pas la portée de Boomerang (NB mai 2009). Cependant, avec pour toile de fond un secret de famille et une disparition en mer, la romancière relève le niveau grâce au second thème de son livre, beaucoup plus puissant : la vanité de l’auteur. Exigence, paranoïa, mutation d’un homme attentif en une créature médiatique prétentieuse et adepte des réseaux sociaux : Tatiana de Rosnay décrit avec brio la dégringolade d’un écrivain transformé en produit. Une fiction qui rejoint l’expérience de la vie, où se glisse une part d’elle-même : ses origines russes, son oncle disparu et son indéfectible fidélité à son éditrice.