Ballades pour John Henry.

WHITEHEAD Colson

Le 12 juillet 1990, une petite ville de Virginie occidentale s’apprĂȘte Ă  cĂ©lĂ©brer un « Festival John Henry », en commĂ©moration d’un duel mythique qui, cent ans plus tĂŽt, opposa un invincible foreur ferroviaire noir Ă  un marteau-piqueur. Tandis qu’une trĂšs influente agence de publicitĂ© tient la ville sous ses projecteurs et que la Poste lance ses nouveaux timbres « HĂ©ros Populaires », une meute de journalistes, experts en parasitisme, investit les lieux… Aussi prolixe que L’Intuitionniste (NB mai 2003) ce nouveau roman de Colson Whitehead, dĂ©taille, toutes temporalitĂ©s confondues, gestes et pensĂ©es, motivations et rĂ©actions d’un nombre impressionnant de personnages pris dans un maelström de mots et de digressions. Émergent plus ou moins un pigiste noir new-yorkais, l’hĂ©ritiĂšre d’un officieux musĂ©e « John Henry », un philatĂ©liste monomaniaque, un collecteur de ballades noires…

 L’ubiquitĂ© de l’auteur, tirant simultanĂ©ment les ficelles de ses anti-hĂ©ros, abasourdit. À trop vouloir dĂ©crire la fabrication d’une sous-culture en majestĂ©, il brouille les pistes et dĂ©samorce la cohĂ©rence de sa dĂ©nonciation malgrĂ© quelques savoureux morceaux de bravoure.