Un as dans la manche.

PROULX Annie

Élevé par un oncle brocanteur après la disparition prématurée de ses parents, Bob est un gentil garçon. À vingt-quatre ans, déçu par plusieurs emplois, il accepte, sans états d’âme, de prospecter entre Texas et Oklahoma pour le compte d’une firme nipponne promotrice de porcheries industrielles. Sa mission : laisser traîner ses oreilles un peu partout pour détecter les ranchs négociables. Sillonnant l’ancienne prairie des Indiens nomades, progressivement relayés par les pionniers marchands, constructeurs de routes et de voies ferrées, puis par les petits fermiers venus chercher fortune, il constate la désolation d’un paysage encombré « d’hectares de machines hors d’usage. » Plus performant en contacts qu’en affaires, il est rapidement dans une impasse malgré les innombrables histoires locales dont il a été le confident ou le témoin. En fait, il est l’alibi romanesque d’Annie Proulx qui, un doigt écologique pointé sur les multinationales, poursuit le portrait sociologique d’une Amérique fruste. Rappelant Les Pieds dans la boue (NB mai 2001), vigueur, humour et savoir-dire sont le plus souvent au rendez-vous.