Toutes les femmes sauf une

POURCHET Maria

Elle vient d’accoucher d’une petite fille après un travail pénible. Elle se sent parfois maltraitée par un personnel hospitalier prompt à dégainer les petites phrases toutes faites – comme sa mère avec elle. Sa mère qui l’a si mal aimée, l’oubliant, la grondant, et qui l’a assaillie de phrases assassines, dites et répétées jusqu’à se graver en elle. Ces mots blessants, elle veut s’en purger pour en protéger sa fille, elle veut arrêter la transmission générationnelle de la souffrance de mère en fille. Alors elle lui raconte son histoire.  Les mots sortent, bruts, denses et fiévreux. Avec passion, avec hargne, force et colère, avec une subjectivité assumée, elle retrace sa vie, ses rapports avec sa mère. En italique, elle inscrit les phrases reçues, ces phrases qui déchirent, condamnent, enferment. Sa liberté, elle l’a trouvée dans l’écriture, et elle s’en sert pour se détacher et se venger, les venger : elle fait le portrait d’une lignée de paysannes maltraitées et soumises. Quand on est femme, on se méfie des hommes, mais pas de sa mère -la blessure n’en est que plus profonde. En parallèle, elle évoque ses jours houleux et douloureux à l’hôpital, dans une lente guérison physique et psychologique jumelles. On sort ému et bouleversé de ce parcours libérateur poignant. (M.D. et J.G.)