Tamara marche sur les eaux.

HORN Shifra

Entre les deux guerres, la vie est difficile à Jaffa en Palestine : cohabitation entre Arabes et Juifs, occupation ottomane puis britannique. Tamara, orpheline, vit chez Simha, sa grand-mère ashkénaze, immigrée russe, survivante des pogroms ; pauvre et quasi aveugle, elle est une cuisinière hors pair. Il faut l’entendre s’affairer dès l’aurore devant ses fourneaux et respirer l’arôme délicieux du bortsch royal qu’elle vend au marché ou distribue aux miséreux. Rachélé, l’autre grand-mère, riche séfarade, déteste Simha. Leur mutuel amour pour Tamara, les drames qu’elles ont vécus, les réuniront. Tamara devine, derrière leurs non-dits, les secrets douloureux de ses aïeules. À force de patience, d’amour, d’imagination, elle les percera. L’écriture imagée, sensuelle comme un conte oriental, décrit avec bonheur la vie des petites gens de Jaffa où tous les parfums se mêlent ; les caractères sont finement analysés. Cette histoire de trois générations de femmes hors du commun pourrait enthousiasmer comme Quatre mères (N.B. oct. 2001), hélas, les amours, heureusement courtes mais échevelées, de Tamara pour un moine illuminé et obsédé sexuel sont bien malencontreuses.