Taksim moonwalk

SERBES Emrah

Çag̃lar, 17 ans, s’ennuie dans son lycĂ©e professionnel hĂŽtelier ;  convaincu que sa petite soeur de 9 ans est la reine du moonwalk, il l’inscrit aux sĂ©lections d’une Ă©mission de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©. Mais les Ă©mules de Mickael Jackson sont lĂ©gion et la fillette est recalĂ©e – d’autant qu’elle a un net problĂšme de surpoids –, malgrĂ© les interventions de l’oncle, maire de leur ville. Pour lui redonner espoir, il poste une vidĂ©o de ses exploits sur Internet ; elle dĂ©marre bien, mais les manifestations qui enflent Ă  Istanbul dĂ©tournent l’attention des rĂ©seaux sociaux. Faudra-t-il qu’elle aille danser dans le parc Gezi pour enfin connaĂźtre la notoriĂ©tĂ© ? Cette tragi-comĂ©die picaresque est Ă  l’image de son (anti-)hĂ©ros et narrateur, partagĂ© entre les turpitudes dĂ©cevantes du quotidien et son aspiration Ă  l’idĂ©al. L’Ă©criture mĂȘle sans complexe sĂ©rieux, trivialitĂ© et fulgurances lyriques plus ou moins dĂ©calĂ©es. Mi-cynique mi-naĂŻf, Çag̃lar surjoue sa vie, se raconte des histoires et nous entraĂźne avec – ce n’est que tardivement que l’on dĂ©couvre que son adorable soeur a bien des dĂ©fauts. L’auteur dresse le portrait d’une Turquie actuelle entre fascination cathodique, corruption banale et aspiration Ă  une vraie dĂ©mocratie, dans un roman brouillon, exubĂ©rant, violent, absurde, drĂŽle et Ă©tonnant. (M.D. et C.B.)