Syngué sabour : Pierre de patience

RAHIMI Atiq

Héros du Djihad, gravement blessé, il survit inexplicablement, immobile, impassible, muet. Sa jeune épouse le soigne, au milieu des combats de rue et des bombardements, quelque part en Afghanistan. Peu à peu cette présence pétrifiée amène la femme à dévoiler tout haut ses pensées, son passé, ses secrets : son mari devient la « pierre de patience » qui absorbe toutes ses douleurs, enfance humiliée, famille impitoyable, sexualité fruste et honteuse dominée par les tabous religieux et le mépris de la femme.

 

Révolte, souffrance, imprécations, souvenirs et hallucinations : la longue plainte, en un crescendo poignant, se mêle au quotidien féminin dans une ville en guerre où la mort et le viol menacent. En arrière-plan, éclate la condamnation d’une civilisation masculine inhumaine, obsédée par la virilité et l’honneur. Le verbe poétique, aux tonalités orientales, de Terre et Cendres (NB juillet 2000) se retrouve ici avec la même sobre musicalité.