Stella et l’Amérique

INCARDONA Joseph

À Jesup (petite ville de Géorgie, États-Unis), Stella Thibodeaux, dix-neuf ans, exerce le plus vieux métier du monde. Sa beauté virginale et sa candeur font sa réputation, mais pas seulement. Le jour où un client soudain délivré de son psoriasis confesse au père Brown avoir forniqué avec Stella, s’enclenche une série d’événements vite incontrôlables. Le curé n’a pu s’empêcher de signaler la guérison miraculeuse à son supérieur et la nouvelle est parvenue jusqu’au Vatican. Une sainte américaine, très bien ; mais une prostituée, jamais ; ou alors, martyre. La voyante du camp de forains conseille à Stella de les accompagner jusqu’en Floride pour échapper à la cohorte de ses admirateurs éclopés et de ceux qui veulent l’éliminer.

Un roman américain écrit par un Suisse romand. Scénario et personnages semblent sortis d’un film de Jean-Pierre Mocky d’après Jim Thomson. Le titre est explicite : il y a deux héroïnes, l’une est Stella, l’autre c’est l’Amérique. Stella incarne le triomphe de l’amour sur le dogme religieux. L’Amérique d’Incardona est moins positive et pleine de grâce : c’est celle des camps de mobil-homes déglingués, des cirques minables, des comptoirs douteux auxquels s’accrochent bikers, prostituées et ploucs magnifiques ; une Amérique paumée, ce qui reste du rêve que chantait Jo Dassin. L’écrivain pimente cette poursuite criminelle déjantée d’apartés cocasses sur son travail. Un tel voyage de la Floride à Las Vegas, ça ne se refuse pas ! (T.R. et E.M.)