Rien ne s’oppose à la nuit

VIGAN Delphine de

Lucile vient de se donner la mort. Sa fille tente de comprendre la détresse qui a préludé à ce geste et qui a tant pesé sur la vie de ses enfants. Cette mère belle et fantasque, qui a basculé dans la folie, ne se livrait guère : enfant secrète, elle s’est toujours démarquée de la nombreuse fratrie exubérante sur laquelle régnaient les parents, deux personnalités très particulières. L’image idyllique de cette famille offerte aux regards des autres, masque cependant de profonds déséquilibres.

 

Delphine de Vigan s’est lancée avec appréhension dans l’écriture de ce roman si intime, mais ce travail de deuil était indispensable. Elle a nourri des sentiments ambivalents pour cette mère si souvent défaillante qui, à sa façon, n’a jamais cessé d’aimer ses filles. Pour mieux cerner son mystère, elle questionne la famille, arrache les confidences et extirpe les secrets. Le ton est souvent lourd d’amertume et de regrets, mais la tendresse se faufile de page en page. L’auteur est bouleversante de sincérité. Ce message d’adieu d’une fille à sa mère occulte les moments douloureux pour ne retenir que les instants heureux.