Plein été

FELLOUS Colette

Livre après livre, Colette Fellous jette son filet dans l’océan de ses souvenirs pour en rapporter la substance de son inspiration. Si Avenue de France (NB octobre 2001) était une exploration erratique de la mémoire familiale, ce volume-ci est une plongée en chute libre dans l’enfance tunisienne de l’auteur ; un inlassable parcours de lieux et d’étés anciens, sur la trace d’un secret enfoui… Sous la protection des « Joueurs de cartes » de Cézanne que sa mère avait mis au mur, elle bat et rebat indéfiniment son jeu de famille pour retrouver les images, les sons, les odeurs et les perceptions tactiles d’autrefois… Ponctué de photos qui en cautionnent l’authenticité, le récit virevolte tous azimuts autour d’un point aveugle sans cesse contourné…

 

Roman d’apprentissage atomisé, recherche du temps perdu électrisé, vertigineuse cataracte de mots, cette remontée en spirale du temps sans reprendre souffle est techniquement intéressante. En racontant les multiples accointances d’hier et d’aujourd’hui dans leurs indissociables liens, Colette Fellous invente « la mémoire aimantée » qui la garde « aimante » et contemporaine de sa lignée.