Que notre règne arrive

BALLARD J. G.

Richard Pearson, quadragénaire publiciste au chômage, arrive dans la morne banlieue londonienne de Brooklands. Son père vient d’être mystérieusement assassiné au sein du Métro-Centre, môle commercial archétypal, à la fois attirant et frustrant pour la population hétéroclite des alentours. Voulant éclaircir les circonstances du décès paternel, Richard fait la connaissance des équipes policière, juridique, psychiatrique et commerciale locales, peu à l’aise sur le sujet. Les émeutes anti-immigrés se multiplient, violences et pillages à la clef, de multiples groupes de supporters sportifs servant de façade à ces agressions organisées.  Comme dans Millenium People (NB février 2005), J. G. Ballard analyse le dérèglement social, le quotidien ennuyeux des classes moyennes occidentales. Dans un climat paranoïaque, découvrant à quel point son père s’est – naïvement – fourvoyé dans un combat social et communautariste le dépassant, Pearson constate l’implacabilité du matérialisme outrancier… Néofascisme, hooliganisme et folie règnent : entre dénonciation politique et narration cauchemardesque, avec un style répétitif sans doute volontaire, l’ouvrage peut fasciner ou agacer.