Quarante et un coups de canon

MO YAN

Le roman de Mo Yan se situe sur deux plans. Au présent, un temple délabré où siège le Grand Moine, lieu onirique où défilent d’improbables personnages et des animaux fantastiques. Au passé, la confession d’un jeune homme qui souhaite devenir moine. Dans le « village des bouchers », ses capacités d’enfant prodige l’ont propulsé, à douze ans, à la tête de l’usine de traitement de la viande, avant la chute qui l’a amené à tout quitter.

Cette fable est emblématique d’un pays brutal, emporté par une frénésie de jouissance symbolisée par la consommation de viande, une viande souvent avariée, objet de tous les trafics. L’adolescent, trop longtemps frustré, en est obsédé. Il en use jusqu’à la nausée, une nausée communicative… cependant qu’autour de lui les adultes ne pensent qu’à s’enrichir et à forniquer. Une pitoyable image de la Chine rurale déjà présente dans Le Chantier (N.B. oct. 2007).

M.d.L.R.