La Belle à dos d’âne dans l’avenue de Chang’an

MO YAN

Une sublime jeune femme juchée sur un âne et un chevalier étincelant traversent un carrefour, suivis par une foule de cyclistes fascinés. Un homme, à la veille de son mariage, est séduit par une étrange jeune fille, aussi muette que belle, flanquée d’un chien menaçant. Deux bandes de gamins se battent, avec massues et couteaux – et l’observateur regrettera d’être resté là. Un enfant parti acheter des médicaments pour sa mère mourante est menotté autour d’un arbre par un inconnu, et le métal est si solide que personne ne parvient à le délivrer.

 

Dans les quatre nouvelles de ce recueil l’apparition d’un être étrange, inquiétant, voire maléfique, captive le héros, souvent pour sa perte. Couleurs étranges, odeurs bizarres, phénomènes ou visions énigmatiques… L’écriture soignée, précise et sensuelle, est attentive aux émotions et aux comportements. Entre douceur du rêve et horreur du cauchemar, on est impressionné mais aussi un peu perdu. Ces courtes fables succèdent à Quarante et un coups de canon (NB décembre 2009), en moins désespéré. Mais, sans une véritable connaissance de la culture chinoise, il est difficile d’apprécier à leur juste mesure ces textes d’un écrivain célébré dans son pays.