Petit Casino.

SORRENTINO Gilbert

Les personnages de ce Petit Casino, empruntĂ©s aux prĂ©cĂ©dents romans et aux anciens carnets des notes de l’auteur, n’ont comme point commun qu’un comportement humain banal, assez consternant. Sur « un terrain vague blafard », des enfants, que la pauvretĂ© rend laids et insensibles au malheur des autres, sont juste capables de rĂ©agir par la colĂšre et la violence. Les Ă©treintes d’une jeunesse ardente laissent vite place aux dissensions familiales entre Ă©poux ou entre parents et enfants. Enfin des vieillards solitaires flottent tristement dans un temps enfui. La force dominant tous ces ĂȘtres est la sexualitĂ© (qu’ils appellent amour), l’alcool seul soulage momentanĂ©ment leur perpĂ©tuelle insatisfaction.

 

Ce tableau affligeant d’une humanitĂ© mĂ©diocre est heureusement peint par un artiste dont l’esprit d’observation caustique, le langage cru et direct, enrichi de remarquables formules choc, expriment une dĂ©rision sans dĂ©sespoir. Le lecteur, devenu un tĂ©moin complice, se reconnaĂźt peut-ĂȘtre, parfois, mais – comme l’auteur – sans jamais perdre ses distances.