Merci bien pour la vie

BERG Sibylle

En 1966 dans la RĂ©publique socialiste d’Allemagne de l’Est naĂźt Jojo « avec des caractĂšres sexuels indĂ©terminĂ©s ». Sa mĂšre le dĂ©clare comme garçon et trĂšs vite l’abandonne dans un orphelinat. Il est mis en quarantaine, personne ne l’approche. Dans son besoin d’aimer, d’aider les autres, il ne se rend pas compte de son anormalitĂ©, il est rejetĂ© par tous, battu, humiliĂ©, pour eux il n’est rien, il n’existe pas. Adulte, l’hermaphrodite devient chanteuse et meurt misĂ©rablement en 2030. Sibylle Berg, est-allemande rĂ©fugiĂ©e Ă  l’ouest, est l’auteur de nombreux romans (La mauvaise nouvelle d’abord, NB juin 2003) et de piĂšces de thĂ©Ăątre. Ce livre, particuliĂšrement sombre et pessimiste, d’une ironie grinçante, teintĂ©e cependant de tendresse, est une satire fĂ©roce des comportements humains. Les hommes, classĂ©s selon leur appartenance politique ou sociale, doivent se conformer Ă  certains critĂšres qui dĂ©finissent la normalitĂ© et tous ceux qui s’en Ă©cartent sont exclus. C’est le droit Ă  la diffĂ©rence que Sibylle Berg dĂ©fend ici et dont elle dĂ©bat souvent dans les mĂ©dias. Sa dĂ©monstration, dans un style distanciĂ© et glacial, est par instant percutante mais vraiment accablante  : aucun sentiment ni idĂ©al ne trouve grĂące Ă  ses yeux. (B.D. et A.Be.)