Patrice Lumumba, la parole assassinée

PINGUILLY Yves

Patrice Lumumba a l’enfance pauvre d’une famille de paysans de la riche province du Kassaï.  Une adolescence banalement contestataire dans son refus de la tutelle scolaire puis la découverte en 1944, à l’âge de 19 ans, de « sa » ville, Stanleyville.

Ce documentaire fait découvrir un homme derrière un nom : Lumumba est, pour beaucoup d’entre nous, un de ces noms qui jalonnent l’Histoire, celle de l’Afrique, sans doute, consonance oblige. Mais au-delà ? L’intérêt de cette biographie chronologique, sans prétention à quelque mise en perspective ambitieuse, fait pénétrer dans l’intimité de la vie publique d’un des acteurs de l’accession à l’indépendance du Congo, le 30 juin 1960. Clairvoyant, pugnace, profondément intègre, il suscite l’admiration dans son refus de la médiocrité ou de la compromission. Le récit, émaillé de fragments de ses interventions en public, construit, jusqu’à sa mort, une de ces grandes figures héroïques, exemplaires par leur noblesse de caractère, dont l’Histoire a besoin. En filigrane, se dessine le schéma global de la décolonisation de l’Afrique, sur fond de ségrégation et d’enjeux économiques.

La dernière partie du livre élargit justement le propos au-delà du Congo et de l’européenne Belgique avant de donner la parole à Yves Pinguilly lui-même, comme une ultime signature d’un ouvrage intelligent et sensible.   (C.B et J.G)