Ouragans tropicaux

La Havane, 2016. La police doit sécuriser simultanément la visite historique de Barack Obama et le concert inédit à Cuba des Rolling Stones. Débordée, elle confie à Mario Conde, enquêteur retraité, une délicate mission alors que Reynaldo Quevedo, qui avait terrorisé et réduit au silence les artistes dans les années 70, a été assassiné et mutilé de façon barbare. Mario Conde écrit par ailleurs sur une figure mythique de Cuba, Alberto Yarini, proxénète de bonne famille et militant nationaliste, plein de contradictions, assassiné en 1910.

Leonardo Padura (L’eau de toutes parts : vivre et écrire à Cuba, Les Notes avril 2022) décrit, sous couvert d’une enquête, les soubresauts tragiques de Cuba au XXe siècle et le calvaire quotidien de ses habitants. Le titre original – Personas decentes – renvoie aux « personnes honnêtes » opposées aux personnages profiteurs et très sombres du roman alors que sa transposition française en « Ouragans tropicaux » épouse également bien l’intrigue : ces orages dévastateurs peuvent changer de cap de façon bien imprévisible. L’humour colore d’élégance le désespoir qui côtoie la volonté mélancolique mais inébranlable des Cubains de goûter à la joie de vivre et d’oublier les ennuis par la fête et le rhum : ce très beau roman est de plus un documentaire passionnant, mais long et parfois redondant, qui plonge le lecteur au plus près de l’âme cubaine. (J.H. et J.M)