Murmurer le nom des disparus

WILSON Rohan

1874, Thomas Toosey, vĂ©tĂ©ran de la « guerre noire Â» menĂ©e par les colons anglais contre les aborigĂšnes en Tasmanie, doit rejoindre son fils William qui lui a Ă©crit pour le supplier de revenir Ă  Launceston, oĂč sa femme vient de mourir. Il est poursuivi dans le bush par un couple qui a jurĂ© sa perte, l’Irlandais et son acolyte cagoulĂ©. Il parvient Ă  leur Ă©chapper et tombe dans une ville en plein chaos, en proie aux Ă©meutes et au pillage. Des hordes d’enfants clochards livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes le mettent sur la piste de son fils
 qui de son cĂŽtĂ©, le cherche dĂ©sespĂ©rĂ©ment.

Le hĂ©ros fatiguĂ© et nonchalant qui, avec sa tresse grise et son petit melon noir, fait soudain surgir un couteau Ă©tincelant rappelle les westerns spaghetti et la musique lancinante d’un musicien italien cĂ©lĂšbre. Ce deuxiĂšme ouvrage, noir et Ă©lectrique, de l’auteur australien (La battue, Les Notes mai 2015) se prĂ©sente comme une double quĂȘte – un pĂšre cherche son fils, tandis que le fils cherche son pĂšre – et un entrecroisement d’intrigues qui s’achĂšveront dans un bouquet final sanglant. Peu de rĂ©vĂ©lations sur le passĂ© des hĂ©ros. Le rĂ©cit se focalise alternativement sur tel ou tel personnage, sur un rythme cinĂ©matographique qui ne laisse pas le temps de souffler. Des bases historiques sĂ©rieuses soutiennent cette fiction dont on ne peut se dĂ©tacher. C’est le propre des thrillers rĂ©ussis ! (M.Bi. et B.T.)