On s’est juste embrassés

PANDAZOPOULOS Isabelle

Dans la cité, les garçons – presque des hommes – s’arrogent tous les droits sur les filles mais ne plaisantent pas sur la réputation de celles de leur famille. À côté de la cité vit Aïcha, fille unique d’une mère dépressive depuis l’abandon de son mari. Sa meilleure amie est issue d’une prolifique famille maghrébine où le frère joue les caïds. Lorsque Whalid laisse entendre qu’il a couché avec elle, personne n’écoute les dénégations d’Aïcha. Méprisée de tous, elle se mure dans une révolte silencieuse, veut échapper à sa situation, et ne reçoit de secours que de Koto, son ami d’enfance.

 

Aïcha raconte elle-même son parcours, significatif des profondes turbulences que traversent ces adolescentes – presque femmes – qui ne veulent pas se soumettre à la loi de la cité. Sa révolte maladroite, son refus d’avoir à se justifier, sa colère contre sa mère isolée dans son propre drame, dessinent en filigrane le portrait d’une héroïne attachante. Évoqué avec délicatesse, le premier rapport sexuel est un élément-clé du dénouement, apportant la preuve de « sa » vérité. Seul bémol pourtant : Aïcha reproduit plus ou moins consciemment le schéma maternel, et un comportement à risques contre lequel aucune mise en garde n’est suggérée.