Maudit soit le fleuve du temps

PETTERSON Per

Aujourd’hui, il va vers le dĂ©sastre d’un divorce, vient d’apprendre le cancer grave de sa mĂšre et va la rejoindre au bord de la mer dans leur chalet d’étĂ©. DerriĂšre lui, l’enfance dans une famille ouvriĂšre, un pĂšre norvĂ©gien silencieux, une mĂšre danoise belle, grande lectrice, trois frĂšres, des sentiments jamais exprimĂ©s. Adolescent, il a militĂ© passionnĂ©ment dans une cellule communiste, a abandonnĂ© ses Ă©tudes pour un dur travail d’usine. Jeune adulte, il a vĂ©cu un amour unique auprĂšs d’une collĂ©gienne venue vivre avec lui. Et maintenant, cernĂ© par le dĂ©sespoir, il tente sans y parvenir de dire Ă  sa mĂšre qu’il l’aime.  Le rĂ©cit va et vient dans le temps, alourdi de non-dits. Pas facile de voler des chevaux (Livre du mois, NB dĂ©cembre 2006) utilisait la mĂȘme approche. Un frĂšre est mort, comment ? Est-ce la collĂ©gienne que le narrateur a Ă©pousĂ©e ? Pourquoi le divorce ? Le quotidien, les souvenirs sont en revanche restituĂ©s avec une prĂ©cision contrastĂ©e : les trajets urbains Ă  Oslo, le ferry, la dune et la mer autour du chalet, la biĂšre, les sensations du corps malmené  La tragique inaptitude au bonheur est suggĂ©rĂ©e ici avec une grande efficacitĂ©.