Les violences

NOLTE Jakob

Le père d’Edward et d’Iselin, des jumeaux garçon et fille de vingt ans, vient de mourir, déchiqueté par son épouse devenue « louve garou » un bref instant. Anéantis, épouvantés par leur héritage génétique, les jumeaux se séparent, chacun essayant à sa manière d’échapper à sa destinée.   Sur cette trame prometteuse qui se termine par un hold-up d’avion et un épisode qui s’apparente au Livre de la jungle, se construit un stupéfiant monument littéraire. Des dizaines de personnages, jeunes pour la plupart, surgissent, se rencontrent, amitiés et amours éclosent. Dialogues passant du banal à l’essentiel, ébats érotiques, péripéties étranges se succèdent. La compréhension est sans cesse différée, les ruptures de style et d’intrigue sont continuelles. Érudites, insolites, des considérations astronomiques, scientifiques, politiques, historiques, métaphysiques s’intercalent. Dans cette prolifération hystérique, une cohérence paradoxale se fait jour et chaque détail ou chaque fait, aussi insolite soit-il, finit par trouver sa nécessité. La violence est omniprésente, peut-être aussi le goût pour le sang, atavique, bestial, suggéré dans les dernières pages consacrées aux hyènes. Et peu à peu se dessine l’image du monde actuel, avec son capitalisme dévorant, la misère, la menace atomique, le terrorisme, les guerres. Il faut affronter ce Léviathan amer, cosmique et génial. (M.W. et M.-C.A.)