Les intouchables

Les nouvelles de l’épidémie qui ravage les pays voisins sont inquiétantes, le virus Zéro a franchi la frontière, et les adolescents (bien que sains) semblent être les vecteurs de la maladie. La mesure s’impose pour les autorités sanitaires, bientôt exigée par l’opinion : isolement radical des suspects. Toute la classe de Thomas, amis ou ennemis, se retrouve comme des milliers d’autres jeunes derrière les barbelés, totalement livrés à eux-mêmes, dans un camp qu’ils tentent de fuir dans des conditions désespérées.

Dans un contexte actuel, les mesures progressives d’isolement, le statut « d’intouchables », instaurent efficacement un climat délétère entretenu par la langue de bois des politiques, et des manifs écologistes inefficaces. Le rejet des adultes est-il une déclaration de guerre ou un devoir de sagesse ? Les amis se déchirent. Il en va de même dans la vie des camps avec les rivalités des bandes, les renversements d’alliance. Face à l’adversité les personnalités se révèlent : faibles et forts, lâches et courageux, serviles et profiteurs. L’histoire personnelle très lourde de certains est poignante, mais laisse en suspens les problèmes existentiels soulevés par le roman : la liberté individuelle face aux intérêts collectifs, l’injustice du malheur qui frappe aveuglément.