Les cancres de Rousseau

SANÉ Insa

Noir rime toujours avec cancre. Vraiment ? DjiraĂ«l, Ă©lĂšve de terminale au lycĂ©e Jean-Jacques Rousseau contredit ce prĂ©jugĂ© ; il a une bonne moyenne, est intelligent et de plus populaire, ce qui lui vaut d’ĂȘtre Ă©lu dĂ©lĂ©guĂ© ; trĂšs peu du goĂ»t du CPE et une gifle pour son concurrent, beau gosse du centre- ville qui attend le moment propice pour se venger. L’adolescent a nĂ©anmoins la confiance d’un professeur, un vrai pĂ©dagogue, qui sait repĂ©rer le potentiel de chacun. Son absence soudaine se prolonge et inquiĂšte.    Dans Sarcelles- Dakar Insa SanĂ© considĂ©rait ses annĂ©es lycĂ©ennes comme les plus heureuses, disant qu’il en parlerait un jour. C’est chose faite avec ce roman dont les Ă©vĂ©nements prĂ©cĂšdent le livre qui l’a rĂ©vĂ©lĂ©. Moins « slameur », plus mĂ»r, l’auteur chronique une annĂ©e de terminale mais Ă©voque surtout les arrachements  douloureux entre le SĂ©nĂ©gal et la France, Apprivoiser un pays, une langue, supporter le regard des autres ; le rĂ©flexe inconscient est d’en faire trop pour ĂȘtre acceptĂ©, de refouler ses Ă©motions. Regret d’un pĂšre absent qui n’a pas su communiquer avec lui. Superbe portrait par contre d’une mĂšre Ă  fort tempĂ©rament, une « amazone ». La langue, assagie, est savoureuse. (A.-M.R. et C.B.)