Le voyage des grands hommes.

VALLEJO François

Lors du transfert des cendres de Rousseau au Panthéon, un vieil homme, Lambert, est rossé pour avoir proclamé qu’il côtoya jadis le grand homme. Furieux de n’être pas cru, il consigne par écrit ses souvenirs qu’un descendant retrouve. En 1755, Madame d’Epinay prête sa voiture au baron de Grimm, son amant, Rousseau et Diderot afin qu’ils effectuent un voyage en Italie. Elle leur adjoint son fidèle valet, Lambert, vingt ans, garçon de belle taille, astucieux, relativement instruit et volontiers frondeur. Passant par Turin, Florence, Sienne, Rome, Naples et Parme, les trois écrivains connaîtront des fortunes diverses, se querelleront, se réconcilieront, passant du rire aux larmes à l’effarement de Lambert qui les tirera parfois d’embarras, ce dont ils lui seront peu reconnaissants. Lambert raconte, mais surtout il commente et livre ses réflexions, égratignant quelque peu ses illustres compagnons.

 

L’ouvrage vaut d’abord par le ton, léger, d’une élégante impertinence vis-à-vis de penseurs qui n’accordent pas toujours leur conduite aux idées qu’ils défendent, par les réflexions d’un Lambert narquois et observateur, et surtout par un style à la fois savoureux et très XVIIIe. Bien différent de Groom (NB octobre 2003, prix des Bibliothécaires 2004).