Le Terrible

CHAMPION Jeanne

Familière des biographies romanesques (La maison Germanicus, NB avril 1996), Jeanne Champion, s’inspirant du film d’Eisenstein, cherche à percer les raisons des excès criminels d’Ivan le Terrible. Elle fait alterner les voix d’Ivan avec celles de proches, d’espions, du métropolite Macaire, de sa première épouse, la très aimée Anastasia, qui sut « tempérer cet esprit persécuté par le bien et le mal. » Orphelin très jeune, sous la tutelle de boyards cupides, Ivan IV apprit, dans un palais désert, la ruse et la cruauté. Violence et torture engendrèrent ses excès criminels. Sadique, cruel, s’abîmant dans les prières et les pèlerinages, il fit assassiner ses fidèles, amis, généraux, serviteurs, ne supportant pas la moindre opposition. On suit les réformes, la guerre contre les Tatars, la recherche de débouchés sur la Baltique, le commerce avec l’Angleterre. À Novgorod, il fit assassiner la population entière et dans un accès de démence tua son propre fils.

 Dans un récit sinistre, halluciné, un peu répétitif, Jeanne Champion dresse, avec talent, le portrait du premier souverain moderne de Russie, violent, autocrate et seul.