Le Supplice du santal.

MO YAN

Dernière moitié du XIXe siècle : l’impératrice Cixi affronte la guerre des Boxers, entrouvre son pays à une timide modernité. À Gaomi (nord-est de la Chine), où se situait déjà Le maître a de plus en plus d’humour (NB juin 2005), des Allemands construisent le chemin de fer, suscitant une révolte de paysans conduite par Sun Bing, chanteur d’Opéra, héros de la résistance… Maîtresse du sous-préfet, sa séduisante fille est aussi… la belle-fille de Qing, bourreau officiel, efficace, inventif, qui fera du supplice de Sun Bing son chef-d’oeuvre théâtralisé. Voici donc les acteurs de l’“Opéra à voix de chat”, spécificité chinoise dont l’origine est populaire ; les codes et les symboles s’expriment dans ce long roman à l’indicible cruauté. Mise en abyme… où les protagonistes révèlent avec un réalisme effarant les tortures infligées et un quotidien misérable sous la toute-puissance des mandarins.

 

Légendes, paraboles, traditions orales, réalité historique s’entrecroisent. Précédés d’un prologue, “dits” et récitatifs alternent avec les mêmes excès qui risquent de heurter des sensibilités et de masquer l’intérêt culturel pour cette peinture de la dynastie manchoue agonisante.