Le regard de la poupée gonflable

TOMEO Javier

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Malgré le titre et la couverture, ni érotisme, ni pornographie dans ce livre. Le narrateur Juan, d’âge incertain, mène une vie solitaire et désoeuvrée entre sa poupée latex Dorotea à qui il confie ses états d’âme, son seul ami Torcuato et sa mère décédée à laquelle il fait la conversation. Il occupe son temps à compter les cheminées aperçues de son immeuble, à s’inquiéter de l’heure, à guetter les bruits insolites de ses voisins, à déambuler dans les rues et les parcs en quête de sensations… Il tue aussi son ennui dans le rhum et fréquente quelques futiles soirées où il laisse libre cours à ses sarcasmes… Cet univers disparate et inconsistant exacerbe sa solitude physique et morale.

 

L’auteur donne une vision noire et absurde de la société et de la condition humaine, notamment dans une critique acerbe de la télévision. Un monde d’objets, de bruits, de couleurs souvent agressives, accentue la solitude de son personnage qui, dénué d’affect, apparaît spectateur ou simple mécanique de sa propre vie. Les phrases brèves, l’humour noir et le ton froid, distant, abrasif et cynique, donnent un récit étrange qui provoque et trouble le lecteur.