Le livre des jours.

CUNNINGHAM Michael

Un célèbre poète américain – Walt Whitman –, un bol de porcelaine, des enfants qui meurent, un quartier de New York, tout cela et sans doute quelques autres indices sont les fils qui courent dans la trame du texte, reliant souterrainement trois parties par ailleurs fort distinctes. Dans la première, à Manhattan, les Irlandais fuyant la famine vivent à l’usine l’enfer des machines et meurent. Puis, un bon siècle plus tard, de nos jours, une policière tente de déjouer des attentats commis dans New York par des enfants kamikazes. Enfin, encore vingt, trente ans après, les habitants-lézards d’une planète servent d’esclaves aux Américains dans leur pays dévasté par une bombe atomique.  De ces trois parties, les héros sont tout aussi divers : un enfant difforme et inspiré, une Noire au passé douloureux, un homme expérimental fabriqué en laboratoire. Le tout, complexe, mouvementé, offre trois aperçus socio-psychologiques brillamment mis en place et conduit une très belle réflexion sur la mort, illustrée par la poésie de Whitman. Michael Cunningham avait déjà joué de ces détournements littéraires avec Virginia Woolf dans son roman Les Heures (NB octobre 1999).