Someone

McDERMOTT Alice

Marie et sa famille vivent à Brooklyn dans les années trente. La population, souvent comme eux d’origine irlandaise, est, également comme eux, modeste, mais travailleuse et sociable. Un père aimant et adulé, gentiment alcoolique, une mère attentionnée et laborieuse, un frère aîné, Gabe, beau et intelligent, que sa vocation mènera jusqu’à une prêtrise vite interrompue, Marie enfin, extrêmement myope, rebelle et attachante. Les épreuves sont nombreuses, mais Marie les surmonte toutes ; elle travaille dix ans chez monsieur Fagin, l’entrepreneur local de pompes funèbres, puis découvre les bonheurs du mariage et de la maternité. La romancière américaine (Ce qui demeure, NB décembre 2007) sait brillamment donner vie à une époque, un quartier, aux tourments des habitants, à travers le récit d’un quotidien ordinaire. Son style est précis, réaliste, et simultanément allusif et sensible. Marie est une observatrice avisée, elle voit le grain de folie en chacun. La chronologie savamment bousculée crée une discontinuité intéressante sans perturber une écriture fluide et émouvante. Le fil conducteur est la mort, symbolisée par l’emploi de la narratrice qui lui a appris les mots à dire aux autres pour supporter ce qu’elle-même veut occulter. (L.G. et E.G.)