Le Bonheur à la russe par deux gastronomes en exil.

VAÏL Piotr, GUENIS Alexander

Chacun trouvera son compte dans ce petit ouvrage plein de verve qui est bien plus qu’un livre de cuisine. Écrit par deux juifs soviétiques originaires de Riga et réfugiés aux États-Unis à la fin des années soixante-dix, il comporte quarante-quatre chapitres de conseils culinaires, émaillés de considérations littéraires, philosophiques et historiques, bourrés par surcroît d’un humour corrosif qui n’épargne personne, ni leur patrie d’origine, ni les Français ni les Américains. Les recettes, exotiques et simplissimes (grâce au lexique), mais pas simplistes, mélangent de manière savoureuse les ingrédients russes et occidentaux. Les allusions aux auteurs slaves, à l’actualité politique de la fin de l’URSS, les divagations métaphysiques sont toujours teintées de nostalgie et d’ironie, mais le message est sérieux : l’âme se situe dans le ventre qui relie ainsi l’homme, en particulier l’exilé, à sa mère patrie. C’est pourquoi la bonne cuisine est sacrée et exige respect de lois et discipline. Une lecture tonique.