L’autre qu’on adorait

CUSSET Catherine

Thomas est grand, drĂŽle, brillant, cultivĂ©, passionnĂ© de Proust et de cinĂ©ma. Il est le seul de son petit groupe d’amis de khĂągne Ă  ne pas intĂ©grer Normale Sup. Il dĂ©croche un master aux États-Unis puis tente d’y faire carriĂšre. Il plaĂźt aux femmes. AprĂšs Catherine, il sĂ©duit Elisa, Ana, Olga, Nora… Mais ses relations amoureuses sont Ă©phĂ©mĂšres, l’écriture de sa thĂšse s’éternise. Il passe d’universitĂ© en universitĂ© sans obtenir sa titularisation, s’étourdit pour oublier les Ă©checs
 Le livre s’ouvre sur le suicide du jeune homme. On devine trĂšs vite que le personnage n’est pas de pure fiction, une constante dans les romans de Catherine Cusset (Une Ă©ducation catholique, NB octobre 2014). L’emploi systĂ©matique du « tu » souligne la tendresse qu’elle porte Ă  cet ex-amant, ami de son frĂšre – hyperdouĂ©, solaire, plein d’aspirations au succĂšs et au bonheur, agaçant parfois et dĂ©sĂ©quilibrĂ© psychiquement – et les remords qu’elle Ă©prouve pour ses jugements parfois sĂ©vĂšres. Les phrases courtes, le style classique et prĂ©cis, l’analyse au scalpel de cette lente descente aux enfers dans l’impitoyable monde universitaire amĂ©ricain font de ce rĂ©cit linĂ©aire un livre poignant, profondĂ©ment Ă©mouvant et vrai, oĂč l’amitiĂ© tient une grande place. (L.G. et M.-N.P.)