Lali l’orpheline. Où l’on se demande si on peut faire du mal en croyant faire du bien

LENAIN Thierry, BALEZ Olivier

Marion, 20 ans, a choisi de donner trois mois de son temps à l’orphelinat des Coeurs-Oubliés, en Inde. L’accueil est froid dans la grande salle nue où des enfants traînent par terre quelques maigres jouets. Rapidement, elle décide de se consacrer à la petite Lali que son comportement autistique destructeur condamne à rester dans son lit. Heureuse des légers progrès de l’enfant, Marion est terrassée par les dures paroles de l’infirmière qui, loin de la féliciter, accuse la jeune fille de se faire plaisir à elle-même, oubliant que son départ – inéluctable – sera vécu comme un deuxième abandon par Lali.Le lien fort qui unit la jeune fille à un père attentif l’aide à trouver une réponse appropriée – même si elle n’est pas tout à fait satisfaisante pour elle. L’image est totalement au service de ce bref récit : deux mains grandes ouvertes accueillent Marion, bébé. Vingt ans plus tard, à l’inverse, ce sont les mains de Marion que refuse un petit visage « de silence et de nuit ». Le trait épais et simplifié s’accorde avec une gamme de couleurs réduite : jaune ocre, noir, comme allégé par des ombres blanches. L’ouvrage hésite sur le lectorat visé : la présentation, le texte court et dialogué s’adressent à des enfants de 9-10 ans ; le sujet et  son traitement elliptique concernent des adolescents, voire de jeunes adultes.