La Patte du corbeau

AMQASSIM Yahya

AdossĂ© aux montagnes du sud-ouest de l’Arabie saoudite, Oreissa Ă©tend son influence sur la proche vallĂ©e. Ses habitants perpĂ©tuent une tradition selon laquelle, pour devenir guerrier, l’adolescent se circoncit lui-mĂȘme ; hommes et femmes vivent par ailleurs dans une harmonieuse mixitĂ©. La mĂšre du cheikh domine le conseil du village et organise l’opposition aux envoyĂ©s de l’Émir qui entend imposer une interprĂ©tation Ă©troite du Coran.  Dans ce beau conte oĂč la sexualitĂ© est glorifiĂ©e, celle de l’homme qui dĂ©cide seul de son accĂšs Ă  la virilitĂ© comme celle de la femme qui l’invite Ă  la rejoindre et Ă  la fĂ©conder, se dĂ©gage un hymne intemporel et fort Ă  la nature. On aurait tort d’y chercher un Ă©cho aux polĂ©miques actuelles sur le genre – ni mĂȘme simplement une logique. Telle une Ă©popĂ©e fantastique, le rĂ©cit se dĂ©roule dans un paysage nimbĂ© de lumiĂšres, chargĂ© de parfums, qu’envahissent inexorablement les nuages d’un orage annoncĂ©. Le dĂ©chaĂźnement des Ă©lĂ©ments laisse un champ de ruines oĂč naĂźt un nouvel avatar fĂ©minin. À l’image d’une danse orientale, tournant indĂ©finiment sur elle-mĂȘme et progressant par bonds, ce texte entourĂ© de mystĂšre peut dĂ©sarçonner. Il est tout entier Ă  prendre ou Ă  laisser.  (A.Lec. et M.-C.A.)