La mystérieuse nuance de bleu

ERDAL Jennie

Vivant à Paris, un jeune homme franco-anglais, qui travaille à une nouvelle traduction des Essais de David Hume, entame un séjour d’un semestre à Édimbourg où sont conservés les manuscrits du célèbre philosophe. Il se lie d’amitié avec un couple, lui, universitaire, professeur de philosophie chevronné qui l’entraîne dans des parties de pêche à la mouche, et elle, plus jeune, peintre de talent et mère d’un adolescent schizophrène.

Unique roman très réussi d’une Écossaise, morte en 2020, qui s’est fait connaître par une autobiographie sur son rôle surprenant de « nègre ». Ce talent trouve ici son accomplissement dans la peinture de ses trois héros dont elle rend la complexité (sentiments, enfance, blessures, questionnements…) avec un naturel confondant, doublé d’une ironie feutrée. Le personnage cynique et tourmenté du professeur, perdu dans une dérive mortifère est magistralement réussi. De grands thèmes philosophiques (l’amour, le bonheur) s’immiscent dans le récit, ainsi qu’une réflexion sur l’art de la traduction et les vertus comparées de la philosophie et de la littérature, cette dernière s’arrogeant la palme. Sensible et jubilatoire. (L.K. et M.Bo.)