La sœur que j’ai toujours voulue

ABREU Andrea

Dans une île des Canaries, un été, deux filles proches de l’adolescence s’ennuient et s’inventent des passe-temps axés sur le corps et la nourriture. Depuis leur plus jeune âge elle forment un couple d’amies presque indissoluble. Alors qu’Isora est censée aider sa grand-mère – qu’elle déteste – à l’épicerie du village, la narratrice, abandonnée à elle-même par ses parents qui s’épuisent au travail mais couvée par sa grand-mère, est fascinée, admirative et soumise à cette personnalité affirmée. Isora est un phare pour l’héroïne, son esclave souffre-douleur, éperdue de passion.

Premier livre d’une jeune Espagnole originaire de Ténérife, ce récit brillant, éclatant de vérité, nous transporte dans un village improbable où le temps s’est arrêté. Les touristes, parqués dans des zones réservées, entourées de murs, en montagne ou en bord de mer, n’ont aucun contact avec la communauté villageoise, admirablement décrite avec sa hiérarchie sociale et ses codes. La description dans une langue « parlée », parfois argotique, des aventures des deux filles est touchante de vérité et de justesse. Le contraste du vécu des familles sous un manteau de nuages qui encerclent le volcan au sommet de l’île avec les publicités vantant le soleil permanent et la douceur du climat est hilarant. La force de ce texte est d’imaginer un récit d’initiation sentimentale à partir d’une écriture inventive et très visuelle. À lire avant des vacances sous le soleil des Canaries. (M.Bi. et F.L.)