Le passeur

COSTE Stéphanie

ÉrythrĂ©en d’origine, Seyoum (Ephrem) a fait de Â« l’espoir son fonds de commerce Â». C’est devenu un caĂŻd, un gros passeur de la cĂŽte libyenne, imbibĂ© d’alcool, de khat, de mĂ©pris de soi et des hommes qui mĂšne un business florissant. Comment en est-il arrivĂ© lĂ  ? Se peut-il que derriĂšre cette Ă©pave qui en impose se cache encore un cƓur humain ?

Construit en courts chapitres, ce roman minuscule – oĂč alternent passĂ© et prĂ©sent : douloureux souvenirs de jeunesse, de dictature, d’exode et vie de passeur – est un petit chef d’Ɠuvre d’émotion forte. Avec une grande Ă©conomie de moyens, un style percutant et des phrases incisives, ce rĂ©cit Ă  la premiĂšre personne, trĂ©pidant et dense, qui exprime magistralement et sans pathos l’horreur vĂ©cue par les rĂ©fugiĂ©s, la cruautĂ© et le cynisme terrifiant d’un homme dĂ©senchantĂ©, conduit de surprises en surprises. Par-delĂ  son odyssĂ©e de dĂ©fonce, c’est la chronique d’un traumatisĂ© de l’histoire qui se donne Ă  lire, et d’une existence de dĂ©racinĂ© qui n’arrĂȘte pas de se rejouer. Un bouleversant premier roman. (D.M.-D. et M.-N.P.)