Ivoire noir

SVINGEN Arne

Sam l’Ivoirien et son copain norvégien, le narrateur, ont quitté Oslo pour Abidjan, à la recherche de la mère du premier qui aurait été vue dans le Nord du pays. Ils embarquent un lourd passé : guerre civile et exil pour Sam séparé des siens, une enfance en familles d’accueil successives pour son compagnon. Ce roman, publié en 2005 en Norvège, se déroule pendant la guerre civile qui opposa, à partir de 2002, le Nord et le Sud de la Côte d’Ivoire. Le narrateur flotte entre trouille et tourista carabinée, entre une réalité qui lui échappe et l’effraie et la lecture de Joseph Conrad (Au coeur des ténèbres). Armée ou bandes menaçantes, forêt tropicale étouffante, savane dans une ambiance de chaos et de danger, constituent le cadre où le narrateur dévoile, dans un monologue intérieur, le crime qui a permis son départ. Le voyou affronte peu à peu remords et regrets, tandis que Sam le taiseux livre par bribes son passé d’enfant soldat et les atrocités auxquelles il l’a contraint. Cette course à la mort donne un thriller un peu lent, sombre et pesant dont les références littéraires – jusqu’à vanter l’absinthe qu’on déguste à Paris – et historico-politiques constituent le décor un peu artificiel, pour une prise de conscience tardive.