Indignation

ROTH Philip

1952, la guerre de CorĂ©e fait rage. Le fils d’un boucher casher de Newark, Marcus Messner, dix-neuf ans, « sous morphine », se remĂ©more sa brĂšve vie universitaire. Pour Ă©chapper Ă  l’angoisse paranoĂŻaque de son pĂšre qui le surveille trop Ă©troitement, il part au Winesburg College (Ohio). Il y supporte mal ses voisins de chambre, tombe amoureux d’une fille trĂšs libĂ©rĂ©e. Il peine Ă  accepter les moeurs du monde dans lequel il dĂ©barque, qui lui sont Ă©trangĂšres en particulier en matiĂšre religieuse. Pour combler ses parents, son obsession est de rĂ©ussir ses Ă©tudes et fuir le sang des animaux Ă  l’abattoir comme celui des soldats massacrĂ©s au loin.

 

DĂ©laissant le thĂšme du vieillissement (Exit le fantĂŽme, NB novembre 2009), Philippe Roth dĂ©montre avec une remarquable efficacitĂ© comment, dans la vie, des choix mĂȘme banals peuvent avoir des rĂ©percutions excessives. L’essentiel du texte est un rĂ©cit percutant Ă  la premiĂšre personne. Dans l’univers Ă©touffant de l’AmĂ©rique des annĂ©es cinquante, incapable de feindre, trop intransigeant, trop hĂ©sitant, ce jeune Juif s’indigne jusqu’à son passage « de l’autre cĂŽtĂ© », lĂ  oĂč « s’arrĂȘte la mĂ©moire ». Un roman saisissant.