Ils ont tué Pierre Overney

SPORTÈS Morgan

 « La révolution est au bout du fusil ». En 1970, les maoïstes espèrent renverser l’ordre bourgeois capitaliste en soulevant le prolétariat. Infiltrés à la Régie Renault, à Boulogne-Billancourt, ils y recrutent des partisans, soutenus (de loin !) par l’intelligentsia de gauche dont Sartre et Simone de Beauvoir. Pierre Overney, jeune ouvrier rebelle, distribue avec eux des tracts incendiaires, menace les « petits chefs », affronte les cégétistes « valets du patronat »… Avec ses amis, il est là pour donner les coups. Et en recevoir : lors d’une bagarre, en 1972, Pierrot est tué d’une balle de revolver par un vigile. Deux cent mille personnes suivront son cercueil.

 

Morgan Sportès connaît ce milieu d’extrême gauche (cf. Maos, N.B. oct. 2006). Il a interrogé des témoins de tous bords, accolant leurs propos sous forme de dialogues. L’ensemble, vivant, contrasté, confus parfois, révèle la sombre complexité sous-jacente : manoeuvres de la droite en vue des élections, soutien secret de la CIA ou rivalités policières. Cette leçon de décryptage politique retrace avec force les violentes tensions de la société française après mai 68.