Il faut tuer Lewis Winter

MACKAY Malcolm

Comment vit et fonctionne un tueur Ă  gages ? À Glasgow, Calum exerce ce mĂ©tier, car c’en est un, avec intelligence et prĂ©cautions. Il veut conserver son indĂ©pendance, ne pas se lier avec une seule organisation criminelle et rester inconnu de la police. Sa cible est un dealer vieillissant, sans envergure, mais, impliquĂ© dans une guerre larvĂ©e entre gangs, il doit ĂȘtre exĂ©cutĂ© Ă  titre d’avertissement. L’affaire est rapidement menĂ©e, impeccable. La police n’obtient guĂšre de rĂ©sultats sinon pour dĂ©busquer les tĂ©moins et leurs mensonges. Quasiment sans dialogue, d’une Ă©criture uniforme, monocorde pourrait-on dire, et cependant peu Ă  peu prenante, le rĂ©cit s’étoffe, se dĂ©veloppe, les personnages, pourtant peu recommandables, deviennent presque sympathiques. La sociĂ©tĂ© est maltraitĂ©e, les bourgeois sont inconsistants, l’inspecteur teigneux, quoique intĂšgre, a le mauvais rĂŽle. La collusion policier-gangsters ne relĂšve pas de la simple corruption, elle est ambiguĂ«, moralement condamnable mais sans doute nĂ©cessaire. Quant aux malfrats, ils sont amĂšnes et l’assassinat devient une carriĂšre quasi honorable. Il est vrai que les aspects rĂ©vulsants du crime organisĂ© n’apparaissent pas, mĂȘme en filigrane. Ce n’est pas le moindre paradoxe de ce premier roman terne en apparence, mais tout en finesse.