Guingouin ; un chef du maquis

FASTIER Yann

L’originalitĂ© du ton saisit. Des tons, plutĂŽt, puisque chaque page prĂ©sente le rĂ©cit d’un tĂ©moin, historique ou imaginaire, Ă©crit comme recueilli dans la rue ou au cafĂ©, au maquis… et pris sur le vif. Les points de vue divergent : soulagement Ă  l’arrivĂ©e du marĂ©chal au gouvernement, Ă©change de vue des hommes de l’ombre, maquisards ou « rĂ©servites » qui attendent le combat final, agent consulaire de Suisse et mĂȘme soldat de la division Das Reich de sinistre mĂ©moire. Ce kalĂ©idoscope compose la lĂ©gende de Guingouin, un portrait en creux : on l’a vu, on en parle, on l’attend. Une petite gravure en blanc et noir profond sert de fil chronologique en haut de la page texte. À droite, le travail du graveur, contrepoint du rĂ©cit : paysage aux pentes douces, Ă©clairs des tirs d’artillerie, vert de champs Ă©ternels, rouge sang du drame. L’artiste restitue un Ă©tat d’Ăąme, une ambiance. Le cahier documentaire offre un rĂ©sumĂ© historique, assorti de photos d’archives d’hommes et de femmes, de vie du maquis – parfois reconstituĂ©es – de cartes, d’affiches, d’armes et objets. Ce double Ă©clairage renouvelle brillamment le genre documentaire. Un docu-fiction et une oeuvre d’art exceptionnelle. Pour tous Ă  partir de 10 ans. (R.F.)