Conteurs, menteurs : une anthologie

MICHAELS Leonard

L’anthologie en français de trente-huit nouvelles de Leonard Michaels, spĂ©cialiste amĂ©ricain du genre, rassemble deux recueils de 1969-1970 intĂ©gralement reproduits, ainsi qu’un choix de textes plus rĂ©cents publiĂ©s dans divers journaux avant sa disparition. Les premiĂšres scĂšnes sont Ă©crites dans un style cru, voire grivois, d’une inventivitĂ© hallucinatoire : croquis esquissĂ©s Ă  traits rapides, pris sur le vif, entrecoupĂ©s de rĂ©flexions fulgurantes, truffĂ©s de rĂ©fĂ©rences littĂ©raires. À partir de 1993, les nouvelles sont plus longues, plus accessibles, moins farfelues et moins dĂ©cousues, Ă©purĂ©es. Le portrait en sept tableaux du dernier hĂ©ros, professeur de mathĂ©matiques, est poignant.

 

MalgrĂ© la variĂ©tĂ© et la qualitĂ© trĂšs inĂ©gale de ces histoires, l’ensemble prĂ©sente une certaine unitĂ© : le cadre, gĂ©nĂ©ralement une ville amĂ©ricaine, et le sujet, les vicissitudes quotidiennes de personnages tragi-comiques, doubles de l’auteur et de ceux qu’il cĂŽtoie, brossĂ©es de maniĂšre fantaisiste et satirique. Pour conter sans raser, il faut bien mentir. « Qu’est ce qu’un mensonge ? La vĂ©ritĂ© sous un masque. » (Byron). Constamment, l’humour noir, cynique et corrosif, empreint de dĂ©rision, Ă©pingle les travers amĂ©ricains, juifs en particulier, les relations humaines
 La chute, toujours elliptique, dĂ©concerte et stimule l’imagination. Un ouvrage touffu, assez drĂŽle et singulier.