Si tard, il était si tard

KELMAN James

Sammy, Écossais de trente-huit ans, a purgé dans le passé une assez longue peine de prison. Il exécute maintenant des travaux d’intérêt général. Après une dispute avec sa compagne Helen, il se réfugie au pub. Il boit trop, perd connaissance, se réveille au commissariat. Il y a été interrogé, tabassé et constate qu’il a perdu la vue. Il entreprend alors des démarches administratives (sécurité sociale et centre médical) afin de faire reconnaître son état… Sa compagne a disparu et ses perspectives d’avenir s’obscurcissent… Cette traduction française arrive vingt ans après l’obtention d’un Booker Prize émaillé de démissions de jurés. L’auteur (Faut être prudent au pays de la liberté, NB octobre 2006), co-fondateur de l’école de Glasgow, a établi sa renommée sur le réalisme social noir. La misère et la fatalité, qui frappent ici le héros, s’inscrivent dans cette logique. Ce personnage à la dérive est rendu touchant par un mélange insolite de douceur devant l’adversité, de volonté de s’en sortir et d’habileté à imaginer de petits plans de survie. Mais le ton donné par l’auteur à sa rumination intérieure, d’une crudité répétitive ininterrompue, lasse et la rareté de la ponctuation étouffe. (J.D. et C.R.P.)