Calypso de nuit.

SCOTT Lawrence

En 1938, sur une île des Caraïbes, le Dr Métivier prend en charge une léproserie dirigée par une congrégation religieuse, dont les nonnes sont infirmières. En plus de ses malades, on lui confie Théo, jeune Noir prostré, dont les récits nocturnes livrent, par bribes, l’obscurité de son histoire, en monologues hallucinés. Son calypso rappelle au médecin son propre passé alors que s’éveille son amour pour une nonne. Entre couvent, léproserie et maison du docteur, gravite un microcosme fait de partages et d’oppositions : c’est la science contre la souffrance rédemptrice, la révolte contre l’exploitation. Bien campée par Scott, la progression empirique de la science se heurte à la rigidité religieuse tandis que les revendications des lépreux pour une vie décente et les balbutiements du reggae scandent le récit, sur fond de seconde guerre mondiale. La fresque mêle les épisodes tragiques liés à la colonisation et le romantisme d’une idylle qui n’est pas sans rappeler le film de Zinnemann : « Au risque de se perdre. » À lire pour le style descriptif très coloré qui excite l’imaginaire, en faisant fi des quelques sept cents pages propres aux sagas.